Mesdames et messieurs les députés,
- Avant de réagir à la déclaration de politique générale du Ministre Président, je souhaiterais prendre un moment pour saluer la mémoire des deux personnes qui ont été victimes d’un attentat lâche sur notre sol, ce lundi 16 octobre.
Et j’aimerais aussi avoir une pensée émue pour toutes les victimes civiles des affrontements qui se déroulent actuellement au moyen Orient.
Au-delà de nos différences politique, je pense qu’il est important de montrer que cette assemblée est unie dans la lutte contre le terrorisme et la défense de nos démocraties.
- Il reste 7 mois. Un peu plus de 200 jours avant la fin de cette législature.
- Si l’électeur nous fait confiance l’an prochain, nous pensons qu’il faudra forcer les bonnes réformes dans les 100 premiers jours.
- C’est peut-être d’ailleurs la raison qui fera que vous ne voudrez pas gouverner avec un mouvement « réformateur » : quand je vois votre nouveau budget, où vous ajoutez un milliard à la dette de nos enfants, je me dis que vous ne voulez pas réformer.
- Toujours est-il que si vous voulez que l’électeur ne nous fasse pas confiance l’an prochain, vous devez réussir vos 200 derniers jours.
- Tout n’est peut-être pas perdu pour votre gouvernement. Toutes les grandes réussites ont eu des débuts modestes.
- Après 20 ans de modestie, on voudrait espérer 200 jours de réussite.
- Cette modestie – et vous voyez que je reste mesuré dans mes propos – elle peut se résumer facilement avec une image, avec une histoire :
- Prenez Elizabeth, londonienne, entrepreneuse, qui veut faire des affaires en Europe après le Brexit.
- Elle se dit, où de mieux qu’à Bruxelles, capitale de notre continent, pour créer une activité et de l’emploi ?
- Elle prend son petit train à Londres. Arrive à la Gare du Midi. Sort de son petit train. Rentre dans la Gare. Sort de la Gare. Regarde autour d’elle – re-rentre dans la Gare – re-rentre dans son petit train, et retourne à Londres.
- Qu’est-ce qu’elle s’est dit ? Que rien ne va.
- Voilà une ville qui pour première image offre un décor cataclysmique.
- Voilà une ville où on attendait de la verdurisation et on a à la place des blocs de béton.
- Tout n’est pas de votre compétence, je sais. Mais vous êtes le Gouvernement des Bruxellois et Bruxelles, c’est votre responsabilité.
- La Gare du Midi, comme d’autres quartiers, se délabrent. Leur rénovation tarde. Ça prend des plombes. Vous aviez quatre ans pour accélérer les délivrances de permis.
Bruxelles reste la championne des retards en la matière. Ça continue à prendre des plombes.
- Vous avez fait de la rénovation urbaine et de la délivrance de permis un grand bricolage. Il faut faire le ménage. Simplifier. Il vous reste 200 jours.
- Je parle de quartiers ici, mais je pourrais aussi vous parler de ma voisine qui attend la construction de son nouvel appartement. Des mois plus tard, elle attend toujours son permis.
- En à peine 4 ans, le nombre de logements neufs mis en vente est passé de 2.500 à 700. Soit presque 4 fois moins ! Tout est dit.
Ma voisine a aussi le temps de lire la presse. Elle comprend que même si vous dites que la transition écologique est une de vos priorités, sa prime à la rénovation, cette année, elle peut l’oublier. Vos caisses sont vides. Même si vous avez triplé la dette en moins de 10 ans sur le dos des ménages.
- Après, même si elle obtient enfin son permis, encore faut-il qu’elle trouve la main d’œuvre pour construire ou rénover. Vous aviez une opportunité en or en début de législature : rénover les maisons bruxelloises, trop vieilles et trop polluantes pour le climat et en profiter pour former de nombreux demandeurs d’emploi.
- A la place, pour lutter contre le réchauffement climatique et rénover les maisons bruxelloises, les entrepreneurs doivent faire venir de la main d’œuvre par avions. Bien joué.
- Vous aviez annoncé la création de 8000 emplois dans ce secteur. C’est raté. Mais il vous reste 200 jours.
- Le chômage diminue un peu, oui, mais il diminue partout en Europe. C’est conjoncturel. Même l’OCDE le dit : vous devez mieux activer les demandeurs d’emploi. Et oui, à un moment donné, il faut croire en la vertu de l’activation intensive. Pour la première fois, on a entendu un début de volonté à ce sujet dans votre discours. Il vous reste 200 jours.
- Le taux de chômage reste supérieur comparé à la plupart des zones métropolitaines – c’est l’OCDE qui le dit –pourtant le nombre d’emplois vacants, lui, augmente. Ne dites pas que vos recettes fonctionnent.
- Le non-emploi mène à la précarité. La précarité, l’entrepreneuse londonienne elle la voit très bien quand elle arrive à Bruxelles. Viviane Teitelbaum vous en parlera après moi. Mais avoir 40% des Bruxellois qui courent aujourd’hui un risque de pauvreté , c’est consternant comme bilan.
- Il vous reste 200 jours. Ces gens attendent un Gouvernement qui soit le craquement d’allumettes dans la pénombre de leur situation.
- C’est aussi par eux, par les plus fragiles, que vous êtes attendus en premier lieu sur la lutte contre l’insécurité, contre la délinquance qui tuent la qualité de vie.
- Mon entrepreneuse, elle voit peut-être aussi au loin les travaux du Métro 3. Pour quelqu’un qui, comme elle, a abandonné sa voiture depuis longtemps grâce à un réseau de transport en commun performant, si elle savait qu’on n’a pas eu un km de métro en plus depuis 20 ans, et qu’on a déjà que quelques lignes, elle ne comprendrait pas.
- Le métro, ’c’est pourtant le mode de transport plébiscité par les Bruxellois à 72%. Les 4 nouvelles stations d’Erasme pour lesquels certains râlaient déjà à l’époque permettent aujourd’hui à 41.000 personnes de se déplacer sans polluer. Et c’est un catalyseur de développement urbain.
- Du coup, si elle était restée, elle aurait peut-être pris un Uber.
- Je dis peut-être parce que depuis que certains ont tenté d’empêcher les chauffeurs de rouler il y a deux ans, le prix a augmenté et le temps d’attente aussi.
- Son chauffeur lui aurait expliqué qu’il avait désormais besoin de plus de temps à Bruxelles et que la circulation n’allait pas nettement mieux à Bruxelles depuis qu’ils ont développé Good Move : Bruxelles est passée de la 16ème à la 14ème place de la pire ville du monde en matière de circulation. Faire de Bruxelles un laboratoire d’idéologues n’aide pas toujours.
- Il lui aurait aussi dit, ironiquement, qu’il habite Cureghem et que là, ils vont tenter un nouveau Good Move et qu’il y croit parce qu’il va peut-être être invité à une réunion de concertation cette fois-ci.
- Maintenant qu’il travaille, il cherche à acheter un logement avec sa femme. Mais avec des droits d’enregistrement beaucoup plus élevés qu’en Flandre, ils pensent, eux aussi, à quitter Bruxelles. Ils sont 45.000 aujourd’hui et chaque année ça augmente.
- Et puis il a aussi compris qu’à Bruxelles, être propriétaire c’est être perçu comme un adversaire du Gouvernement, pas comme un partenaire.
- Vu qu’il est entrepreneur, il fera d’ailleurs partie des 3000 entreprises qui emboitent le pas aux ménages chaque année et quittent aussi Bruxelles.
- Avant, quand il ne travaillait pas, ils cherchaient un logement social. Ils ont vite compris qu’il fallait oublier : le nombre de familles qui attend augmente – normal, vu que la précarité augmente à Bruxelles – et le délai d’attente augmente aussi. Plus de 10 ans d’attente en moyenne. D’ici là, leurs enfants seront grands.
- Il a décidé de sortir d’un narratif défaitiste et de chercher un job. Même si le gouvernement a voulu lui retirer sa licence il y a deux, ans, aujourd’hui il bosse et il est heureux.
- Si elle avait pris un Uber, ma Londonienne elle lui aurait demandé si les services de propreté étaient en grève. Il aurait dû avouer que non, c’est juste Bruxelles. Mais, ironiquement, il aurait ajouté qu’il est optimiste, le budget de Bruxelles-Propreté a augmenté de 26% en 4 ans – et c’était du même acabit avant : tout cet argent va bien un jour servir à quelque chose.
- Mais pas à l’innovation en tout cas. Vous avez fait une réforme des déchets ménagers à Mais vous ne l’avez pas accompagnée d’une solution durable en matière de biométhanisation. Bilan : les 26.000 tonnes d’épluchures partent à Ypres, à 110KM d’ici, le tout pour un coût de 3 millions d’euros par an. Pour votre gouverne, les discussions remontent, on sait.
- En attendant, à la veille de l’hiver, il pourrait aussi lui dire que les Bruxellois payent toujours plus cher leur gaz et électricité qu’avant, malgré votre réforme ;
- Je pourrais continuer longtemps comme ça mais je ne voudrais pas accaparer votre temps davantage, il ne vous reste après tout que 200 jours pour changer ce pauvre bilan.
- Aujourd’hui, les faits sont têtus, les chiffres aussi. On ne vous demandera pas d’être fier d’être libéral. Nous le sommes pour vous. Mais vous, êtes-vous fiers de votre bilan ?
- Il y a de l’emploi, mais pour qu’il soit activé, il faut des réformes.
- Il y a des ambitions, mais pour qu’elles se réalisent, il faut des réformes.
- Il y a des richesses, mais pour qu’elles se développent, il faut des réformes.
- Bref, Bruxelles a besoin d’un mouvement réformateur. Rendez-vous en 2024 !