Interview avec David Weytsman, chef de file libéral à la ville de Bruxelles, et président du CPAS.
Que vous inspire cette réforme ?
Avant tout, il est essentiel de rappeler pourquoi une telle réforme est nécessaire. Aujourd’hui, la Belgique compte près de 200.000 postes vacants pour 274.000 demandeurs d’emploi, dont 128.000 sont sans emploi depuis plus de deux ans. Dans ce contexte, il est légitime de revoir notre système. La Belgique reste l’un des pays les plus généreux au monde en matière d’allocations de chômage. Il est fondamental de garantir un filet de sécurité sociale, mais il est tout aussi important que celles et ceux qui sont en capacité de travailler soient encouragés à retrouver une activité professionnelle.
Je tiens également à souligner que travailler n’est pas un gros mot. Lorsqu’on écoute certains partis d’opposition (PS-PTB), on a parfois l’impression que le simple fait d’encourager les gens à chercher un emploi serait une offense. Or, le travail est source d’épanouissement, de lien social, d’autonomie financière. Il donne du sens à la vie. Et surtout, c’est grâce au travail et à l’impôt que nous finançons notre système de protection sociale.
Quel impact pour le CPAS de la Ville de Bruxelles ?
À ma demande, une étude sérieuse a été réalisée dernièrement afin d’évaluer l’impact financier réel de cette réforme sur le CPAS. Il est important de s’en tenir aux faits, car certains discours médiatiques relaient des analyses biaisées, notamment celles de la FGTB qui évoquent un prétendu « carnage social », en partant de l’hypothèse irréaliste d’un taux zéro de remise à l’emploi. Ce genre de propos relève plus de la désinformation que de l’analyse rigoureuse.
Si l’on observe les réformes précédentes, sous les gouvernements Di Rupo et Michel, environ 27 % des chômeurs de longue durée s’étaient tournés vers les CPAS. Ce chiffre nous donne une indication utile, mais ne saurait résumer l’enjeu actuel.
Une opportunité pour les CPAS ?
Oui, cette réforme peut et doit être une véritable opportunité. Le MR a eu le courage de porter cette réforme au niveau fédéral. Il est maintenant de notre devoir de la mettre en œuvre avec rigueur, efficacité et sens des responsabilités.
L’objectif est clair : faire des CPAS des acteurs centraux dans le retour à l’emploi, en renforçant leur rôle d’accompagnement. Ma démarche est pragmatique, structurée, et résolument tournée vers les résultats.
Voici les leviers que nous devons activer pleinement :
- Améliorer le PIIS (Projet Individualisé d’Intégration Sociale) en le co-construisant avec le bénéficiaire pour lui offrir une vraie perspective professionnelle.
- Créer des partenariats stratégiques avec le secteur privé afin d’aligner l’offre d’insertion avec les besoins concrets des entreprises.
- Renforcer l’accès à la formation et aux compétences, en facilitant l’adéquation entre les profils des bénéficiaires et les exigences du marché.
- Orienter prioritairement les formations vers les métiers en pénurie, qui offrent des débouchés immédiats.
- Mieux structurer la collaboration avec les acteurs de l’emploi (Actiris, missions locales, maisons de l’emploi), via une meilleure coordination des plateformes d’insertion.
- Moderniser nos outils numériques, pour alléger les procédures administratives et mieux communiquer, notamment avec les jeunes.
- Encourager l’économie sociale et solidaire, qui représente un tremplin vers l’emploi pour les publics les plus éloignés du marché du travail.
Une conclusion ?
Cette réforme est une chance de moderniser et dynamiser notre action sociale. Elle doit accélérer la transition vers un accompagnement plus proactif, plus personnalisé, et plus efficace. Les responsables politiques ont aujourd’hui un devoir d’innovation et de responsabilité collective : celui d’imaginer, de tester et de mettre en œuvre des solutions concrètes pour restaurer l’autonomie durable des bénéficiaires.
Notre ambition est claire : faire du CPAS un levier central de l’émancipation sociale et professionnelle.
