Les bouleversements depuis le début de l’année scolaire dans l’enseignement, particulièrement dans le secondaire, ont provoqué des conséquences dramatiques sur la motivation des jeunes. Les cheffes de groupe à la Fédération Wallonie-Bruxelles et au Parlement bruxellois, Françoise Schepmans et Alexia Bertrand, plaidaient dès février pour la mise en place urgente d’une équipe d’accompagnement des élèves en décrochage en Région bruxelloise : «  Mobi-jeunes ».

En Région bruxelloise, hors période covid, on compte pas moins de 15% des jeunes qui quittent l’école sans le diplôme de l’enseignement secondaire, et un tiers des jeunes qui accumulent au moins deux ans de retard scolaire. Or, professionnels de l’enseignement, chercheurs et experts sont formels : le mal-être des jeunes, dû aux restrictions sociales, culturelles et sportives, les difficultés de l’enseignement en hybridation et d’adaptation des élèves, les conditions socio-économiques défavorables d’un nombre accru de familles, tous ces facteurs additionnés ont fait exploser le taux d’absentéisme dans les établissements scolaires durant la pandémie. Cette dernière a donc certainement  entrainé des gros retards auprès des élèves mais a également augmenté les risques de décrochage des jeunes.

Ainsi, à une interpellation de la députée Françoise Schepmans, le Ministre-Président Rudi Vervoort donnait déjà  le 5 février, les chiffres pour les écoles dépendant de la Cocof : « Au 29 janvier 2021, 2,18% des élèves comptaient 9 demi-jours d’absence injustifiée, et 3,7% et 4,2% comptaient respectivement 20 et 30 demi-jours ». Soit au total 10% des élèves. Une situation qu’il qualifiait de « préoccupante ». Au même moment, la ministre de l’Éducation en Fédération Wallonie-Bruxelles Caroline Désir indiquait un bond de 40% d’élèves signalés auprès du « Service du Droit à l’instruction » pour cause d’absence injustifiée durant le seul premier trimestre de 2020-2021 par rapport à la même période l’an dernier !

Constatant les nombreuses absences de leurs élèves durant la crise, ce sont les enseignants voire les directeurs qui ont pris l’initiative de les retrouver en allant sonner à leurs portes, en leur passant un coup de fil ou en leur donnant des devoirs. Il faut vraiment saluer leurs efforts. Toutefois, les autorités publiques et la Région bruxelloise, où la situation est particulièrement difficile, se doivent d’intervenir pour aider les jeunes. C’est l’objectif de la proposition de résolution déposée par le Mouvement Réformateur : mettre en place une véritable alliance des acteurs de terrain, réunissant les communes, qui sont dotés d’un employé temps plein dans la lutte contre le décrochage scolaire, les écoles, la FWB tout en incluant les services PMS et l’entourage de l’élève. Ce « Mobi-Jeunes » serait un lien très utile entre l’école, le centre PMS, les enseignants et les élèves en décrochage scolaire, ainsi que les parents ou tuteurs légaux », détaille Françoise Schepmans.

Il y a urgence : les retours en ce mois de juin sur les taux de réussite dans certains établissements scolaires à Bruxelles ne sont guère rassurants. « Il s’agit d’un facteur supplémentaire à prendre en compte dans ce risque de décrochage et qui nécessite d’intervenir au plus vite ! », assure Françoise Schepmans.

La proposition du Mouvement Réformateur, qui doit avant tout favoriser le décloisonnement des services et susciter plus d’échanges et ce, le plus tôt possible, a pourtant été rejeté en commission ce lundi par les partis de la majorité à Bruxelles. « Nous déplorons le rejet de ce texte qui selon nous, posait un cadre plus pragmatique aux mesures prises et laissaient le champ libre aux acteurs de terrains » déplore Françoise Schepmans. Les initiatives prises par le gouvernement bruxellois en ce domaine (des appels à projets) ne seront, elles, pas effectives dans l’immédiat.