Discours d’Alexia Bertrand, Cheffe de Groupe au Parlement bruxellois, lors du vote concernant le texte visant à instaurer l’étourdissement avant l’abattage.

 

Chers collègues,

La question de l’abattage sans étourdissement connaît une diversité d’opinions. Le groupe MR a toujours eu un grand respect pour celles-ci et a toujours rigoureusement participé aux différents débats de manière constructive.

Que les débats soient parlementaires ou médiatiques, le groupe MR était présent et est resté fidèle à sa position. Nous avons écouté et entendu les positions de ceux qui s’opposent à l’abattage sans étourdissement.

Ceux qui pensent que tout abattage d’animal devrait, de manière générale, être interdit et qui font la promotion d’un régime exclusivement végétarien.

Ceux qui pensent, à l’inverse, que quelques secondes ou minutes de souffrance ne nécessitent pas de légiférer dès lors que toute mise à mort d’un animal engendre de la souffrance.

Ceux qui s’inquiètent de la viabilité économique de l’Abattoir d’Anderlecht, si ce texte venait à être voté.

Ceux qui refusent de manger de la viande pour des raisons climatiques.

Ceux qui pensent que la liberté d’exercer sa religion et les rites qui l’accompagnent transcendent le bien-être animal. 

 

Les opinions des uns ne sont pas celles des autres mais nous respectons ces divergences, mais force est de constater que, certaines opinions n’ont pas leur place dans cet hémicycle. Nous étions horrifié en entendant un député de la majorité expliqué en commission qu’il ne pouvait pas imaginer, en tant que croyant, qu’un animal puisse souffrir.

Si, comme je vous le disais, nous avons été réceptifs aux arguments les plus pertinents, ils nous ont cependant confortés dans notre position. Il faut étourdir un animal avant sa mise à mort. Plus qu’une nécessité, c’est une question d’humanisme. Oui, je dis bien d’humanisme car les animaux sont des subjectivités et la protection du bien-être animal est une forme d’humanisme dans un monde où on reconnait une sensibilité à l’animal. Et une demande d’une grande partie de la population. Une demande bien argumentée :

À ceux qui s’évertuent à expliquer que la souffrance animale est de courte durée et qu’il serait préférable de veiller au bien-être de l’animal tout au long de sa vie ; je leur réponds que, pour améliorer le bien-être animal, ils trouveront les libéraux à leurs côtés. La Ministre Valérie Glatigny a débloqué l’an dernier un million d’euros pour développer des alternatives à l’expérimentation animale. Nous sommes prêts à aller plus loin pour le bien-être des animaux.

À ceux qui s’inquiètent de la viabilité économique de l’abattoir d’Anderlecht, je leur dis que les libéraux seront heureux de leur proposer une stratégie de soutien économique pour aider l’entreprise dans sa transition.

À ceux qui expliquent que le concept de liberté religieuse ne leur permet pas de voter ce texte, je leur dis que sur le plan juridique, le débat est déjà tranché. L’article 26 du règlement européen 1099/2009 dit très clairement : « Les États membres peuvent adopter des règles nationales visant à assurer aux animaux une plus grande protection au moment de leur mise à mort. » La Cour de justice l’a également rappelé dans son arrêt de 2020, comme la Cour de Cassation l’avait déjà fait auparavant. Il est donc indéniable que l’abattage avec étourdissement n’entrave pas la liberté religieuse parce qu’il y a une proportionnalité. Je leur dis aussi que le Groupe MR a toujours eu le plus grand respect pour toutes les convictions philosophiques et religieuses et qu’aucune religion ne transcende le bien-être animal.

À ceux qui s’inquiètent que les animaux soient dorénavant abattus à l’étranger puis importés, je leur dis qu’il est de notre devoir de montrer l’exemple, d’être pionnier, et de ne pas suivre une politique de bien-être animal avec laquelle nous ne sommes pas d’accord. L’inaction est bien plus grave qu’un prétendu manque de cohérence législative internationale.

À ceux qui doutent encore, je leur demande de se remémorer les deux formes d’abattage auquel ils ont pu assister (pour autant qu’ils aient fait la démarche), et je leur pose la question : avez-vous, comme moi, assisté à cette minute 45, 2 min d’agonie où la langue sort, les yeux se convulsent, les pattes se débattent, la tête s’abandonne et tout le corps cherche à échapper à un destin inéluctable, dans des souffrances terribles ?

 

Les arguments qui s’opposent à l’abattage sans étourdissement ne nous ont pas convaincus. Nous ne nions toutefois pas la complexité du débat. Le sujet est complexe, car il touche à l’intime et au religieux. Ici nous tentons d’avoir un débat objectif et scientifique. Si l’on peut diminuer objectivement l’agonie d’un animal, alors il faut que ce soit fait.

 

S’il y a bien une chose qui m’attriste dans ce débat, ce serait que les communautés musulmane et juive se sentiraient stigmatisées. Pourtant ici, il s’agit bien d’un débat sur le bien-être animal et la longueur de leur agonie lors de leur mise à mort. On sait par ailleurs qu’il existe une pléiade d’inégalités auxquelles ces communautés doivent encore faire face. Là aussi, ils trouveront les libéraux à leurs côtés dans ce combat.

La position du MR est claire sur cette question si complexe. Nous sommes fiers de défendre cette position aux côtés d’autres partis politiques comme Défi, Groen, Écolo Wallonie et le PS wallon. La politique, du moins celle en laquelle je crois, doit être capable d’appréhender la complexité de cette question et de faire le meilleur choix. Et de ne pas faire ce choix pour des raisons électoralistes. C’est un choix dont on pense en conscience qu’il correspond aux valeurs qu’on défend et améliore la société dans laquelle on vit. Le choix à faire, c’est le bien-être de l’animal.

Vous l’aurez compris, chers collègues, le Groupe MR votera contre les conclusions de la Commission et soutient l’interdiction de l’abattage sans étourdissement. Je terminerai mon intervention en vous partageant une citation de Mahatma Gandhi, qui disait « La grandeur d’une nation et son progrès moral peuvent être jugés à la manière dont les animaux sont traités.» Bruxelles, montre-moi ta grandeur !