À Bruxelles, dans le débat actuel sur l’insécurité autour, entre autres, de la Gare du Midi, il faut bien distinguer les réponses à apporter vis-à-vis de :
1. la lutte face aux cartels qui est loin d’être évidente et nécessite une réponse coordonnée de nombreux acteurs locaux, régionaux, fédéraux et mondiaux.
2. l’explosion du nombre de délinquants qui dealent a l’entrée de la gare avec tout son lot d’insécurité que cela provoque (violence, agressions, etc.) et où, là, aucun aveu d’impuissance ne peut être autorisé.
Pour ce second point (lutte contre la délinquance) à Bruxelles le constat est implacable. Sous peine d’être mal vu par une certaine gauche, je le dénonce depuis longtemps : les faits qui sont désormais sous le feu des projecteurs existent de manière structurelle à Bruxelles.
1. Des quartiers entiers sont à la dérive et considérés comme des zones de non-droits (ou de moindre droits);
2. Le délinquance y devient endémique.
3. La classe moyenne déserte un peu plus chaque jour la ville et les classes populaires sont les premières victimes de l’insécurité
4. Une part importante du problème se situe auprès des gares bruxelloises (et ne parlons même pas des stations de métro) qui sont touchées par cette insécurité : c’est l’attractivité de Bruxelles qui paie les pots cassés mais aussi les riverains (dois-je rappeler qu’il y a des écoles et des crèches près de la Gare du Midi) et aussi, tant qu’on y est, les usagés de mobilité douce.
SOLUTION – Comme à Malines
Pourtant, l’expérience nous montre que les villes ont une énorme capacité à obtenir des résultats en matière de sécurité en aidant les niveaux de pouvoirs nationaux ou fédéraux : si on règle cela, tout le reste pourra suivre. Bruxelles doit changer de visage grâce à une impressionnante métamorphose.
Si nous sommes d’accord que l’Etat fédéral a le monopole du régalien, ce n’est pas pour autant que les Régions ou les villes n’ont pas un rôle à jouer.
Etudier plusieurs villes nous apprend de bonnes stratégies, comme à New-York ou Glasgow. Mais je vais à nouveau me concentrer sur une ville que j’ai l’habitude de citer en exemple en la matière : Malines.
En quelques années, ils sont parvenus à baisser la criminalité de 45% en appliquant une recette en trois ingrédients (j’y reviens plus tard) :
1. Répression
2. Réhabilitation
3. Reconstruction.
Ci-après, je développe les trois points et vous explique pourquoi, selon moi, à Bruxelles chaque ingrédient est périmé depuis longtemps.

1. Répression

Proposition du MR :
Bart Somers (Bourgmestre de Malines) l’a dit et redit : lutter contre l’insécurité dans les quartiers difficiles, c’est une base essentielle pour recréer la confiance entre les citoyens, entre les citoyens et les autorités (politique et de sécurité) mais aussi entre les générations.
La sécurité permet également d’assurer un climat propice à l’émancipation et de mettre en œuvre des politiques d’enseignement, de formation, d’intégration et de développement économique d’un quartier. Pour ce faire, nous proposons d’appliquer des recettes répressives similaires :
1. Nous proposons d’abord la création d’une zone de protection régionale, sous la responsabilité du MP, pour les points d’entrée de Bruxelles. C’est l’image de Bruxelles qui est en jeu ici, il ne doit y avoir aucune demi-mesure.
2. On sait qu’on ne peut pas mettre des policiers à chaque coin de rue mais les quartiers ne doivent pas se sentir abandonnés. Dans cette zone, il y faut – comme à Malines – davantage de caméras de surveillance, un éclairage public plus intense et des antennes de la police avec intervention rapide;
3. Il faut permettre aux agents de procéder à des perceptions immédiates pour les consommateurs;
4. Il nous revient que parce que le parquet est débordé, il ne poursuit plus la possession de drogues de quantité même substantielles. Le signal est mauvais et ça doit changer.
5. Le MR plaide pour un tribunal d’application des peines mais en l’attente, je souhaite qu’il y ait des suites aux interventions de la police: convocation des parents comme à Malines, avec un engagement de se former ou de travailler par exemple et des amendes en cas de non-respect.
Toutefois, à Bruxelles jusqu’à aujourd’hui :
A Bruxelles, le Gouvernement bruxellois manifeste plutôt un désintérêt pour les questions de sécurité : qu’on le veuille ou non, si un leader politique n’affiche pas une ambition forte en matière de sécurité pour sa Région, les délinquants s’engouffrent dans la faille.
Je vous cite ainsi quelques exemples :
– Prenez la dégringolade de la situation à la Gare du Nord ou midi : le gouvernement bruxellois en a presque fait des zones Duty free pour la délinquance.
– Quand on a proposé de renforcer le plan canal, certains membres de la majorité ont crié au loup.
– L’appel récent à l’aide des habitants, commerçants et acteurs du quartier nord : quelle réponse efficace ont-ils reçu ?
– Les milices qui ont du se constituer à Clémenceau, qui est venu les aider ?
Si vous êtes Ministre-Président de la Région, et même si toutes les compétences nécessaires ne sont pas dans vos mains, vous vous devez d’assumer et de vous bouger : convoquer des réunions, sortir dans la presse, en faire un sujet d’intérêt national, faire le pied de grue devant le Ministre de l’Intérieur et de la Justice.
Tout ça pour une raison simple : Bruxelles une préoccupation d’intérêt national. La gare du Midi est un exemple criant. Mais Il y a une frange à gauche qui estime que le fait même de parler de sécurité vous rend infréquentable, de droite dure. Il faudrait presque tendre l’autre joue pour être fréquentable.
Nous ne partageons pas cette opinion.

2. Réhabilitation

Proposition :
La sécurité permet également d’assurer un climat propice à l’émancipation et de mettre en œuvre des politiques d’enseignement, de formation, d’intégration et de développement économique d’un quartier. La sécurité d’un quartier permet à la fois d’éviter la fuite de sa classe moyenne mais permet également de créer de la classe moyenne.
Pour ce faire, nous proposons, comme à Malines ;
1. De développer un vrai écosystème émancipateur autour des écoles revalorisées avec des centres de formation, des crèches pour que les parents puissent se former, des accompagnateurs sociaux.
2. Que les autorités publiques ouvrent davantage le dialogue avec les communautés locales, associer les habitants, renforcer la police de proximité, et construire de larges partenariats avec les acteurs locaux. Malines (ou New York) a décidé de faire confiance aux populations et au dialogue tout en menant une politique autoritaire et répressive envers les récalcitrants. Bruxelles peut faire pareil.
À Bruxelles jusqu’à aujourd’hui :
1. Bruxelles fait partie des régions d’Europe au taux de pauvreté les plus élevés. Sans faire de raccourci facile, il n’est pas étonnant que des brigands s’engouffrent dans cette brèche et abusent de la précarité.
2. Au mois de juillet, le taux des chômages des jeunes a encore augmenté.
Bref, quelle politique sociale efficace a porté ses fruits ces 20 dernières années à Bruxelles ?

3. Reconstruction :

Proposition :
Comment détecte-t-on une zone où règne l’insécurité :
– Saleté dans les rues;
– Peu d’éclairage public;
– Des bâtiments délabrés;
– La prolifération de la drogue, les vols, la délinquance, la violence, etc.
Sur cette base, Bruxelles s’engouffre en plein dans la théorie du carreau cassé : il y a un lien de cause à effet entre le taux de criminalité et le nombre croissant de fenêtres brisées.
Concrètement, plus un lieu est moche, plus il attire les problèmes.
Si on veut offrir aux Bruxellois une sortie de crise :
1. il faut assumer de refaire du beau. Prenez à nouveau la Gare du Midi, cet endroit est moche à mourir, cela ne donne pas une image à la hauteur de notre ville. Ce n’est pas sérieux. Je veux des projets artistiques, de la verdure,… que les usagers puissent s’approprier l’endroit.
2. Ce n’est pas parce qu’un quartier est dit « pauvre » que son infrastructure doit l’être. Au contraire. Vous devez avoir des bancs de qualité, des rues de qualités, des trottoirs de qualité, un quartier verdunisé. Bref, du beau.
À Bruxelles jusqu’à aujourd’hui :
1. On nous promet une rénovation de la Gare du Midi et de ses alentours depuis 20 ans;
2. On nous promet la même chose pour la Gare du Nord.
3. La propreté est un des premiers thèmes relevés par le Bruxellois comme prioritaire pour leur ville.
4. Soyons sérieux, ce troisième ingrédient peut paraître futile mais il est en fait primordial. Et les exemples d’échec à Bruxelles ne manquent pas.