Françoise Schepmans, l’ancienne Bourgmestre de Molenbeek, craint de voir les Bruxellois quitter la Capitale. Pour La Libre, elle se livre.

Les mesures annoncées par Alexander De Croo pour lutter contre l’insécurité à la gare du Midi sont-elles suffisantes ?

C’est une première bonne proposition. Mais on peut regretter que les autorités aient mis autant de temps à réagir face à cette situation qui est connue et dénoncée depuis des mois, voire des années. Il faut qu’il y ait une explosion de violence pour qu’il y ait des réactions politiques et des prises de position. Je trouve ça déplorable ! Chaque niveau de pouvoir s’est un peu renvoyé la patate chaude, mais ce discours était inaudible pour les citoyens. Les habitants de ce quartier et les usagers de la gare du Midi veulent un retour de la sécurité et la paix.

Bouchez a estimé sur LN24 qu’il y avait de nombreuses autres « petites gares du Midi » à Bruxelles, ciblant certaines stations de métro. Partagez-vous ce constat ?

Bien entendu. Aujourd’hui, on parle de la gare du Midi mais on peut aussi parler la gare du Nord ou de stations de métro qui posent problème. Pour ma commune, je peux citer les stations de métro Yser et Ribaucourt. Ces sont des zones extrêmement difficiles, des lieux de deal et de drogue. Il y a beaucoup de sans-papiers et de personnes qui traînent à ces endroits.

Des choses sont-elles déjà mises en place pour rétablir l’ordre dans ces stations de métro ?

Je ne suis plus bourgmestre, donc je n’ai plus de vision claire de ce qui se décide et se fait exactement. Mais il faut absolument faire en sorte que les jeunes de ces quartiers ne traînent plus autour de ces stations.

Mais, quand vous étiez bourgmestre de Molenbeek, le problème n’était-il pas déjà présent ?

Non loin de là, ça s’est aggravé avec les années. C’est en partie lié au fait qu’il n’y a pas suffisamment de policiers à Bruxelles. De plus, beaucoup d’agents viennent de Wallonie ou de Flandre. Ils ne connaissent pas nécessairement les problématiques bruxelloises. Je voudrais vraiment que l’on puisse donner l’opportunité aux jeunes bruxellois de pouvoir s’investir dans les métiers de prévention et de la police.

Y a-t-il des endroits dans la commune où la police évite de se rendre ?

Des zones de non-droit, il n’y en a pas à Molenbeek. Quand ça a été compliqué à certains endroits, j’ai interdit de pouvoir occuper l’espace public pendant certaines heures la nuit. Ainsi, on a empêché les délinquants et les dealers de se regrouper.

Comprenez-vous que certains épinglent l’insécurité qui règne dans quelques endroits de la commune ?

Evidemment que je les comprends. Ce sentiment d’insécurité existe, on ne peut pas le nier. Mais il n’est pas propre à Molenbeek. Ce sentiment d’insécurité existe aussi à Anderlecht ou Laeken. Le danger, c’est que cette insécurité gagne du terrain. Il faut régler le problème et empêcher que ce phénomène puisse s’étendre.

Il ne faut pas verser dans l’angélisme. On sait qu’à Bruxelles, il y a un problème de criminalité et de délinquance de plus en plus important. La drogue est l’une des causes de ce phénomène. Je crains que certains Bruxellois quittent Bruxelles. On le constate déjà… Il est très important de ramener de l’ordre et de la sécurité dans la capitale. Il faut qu’on se concentre sur des facteurs essentiels tels que la formation, l’emploi et le logement en Région bruxelloise. J’ai peur pour Bruxelles… Je crains qu’elle soit perdante au vu des difficultés et des défis à relever.

Avez-vous déjà vous-même éprouvé ce sentiment d’insécurité à Molenbeek ?

Non. Je connais tellement bien ma commune… J’ai déjà été insultée, mais je n’ai jamais été dans une situation d’insécurité physique.