Lors de la séance plénière de ce jour au Parlement bruxellois, la question de l’accord UE-Mercosur a suscité un débat vif et passionné. Cet accord, visant à renforcer les relations commerciales entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay), a été rejeté dans une résolution portée par une majorité parlementaire. Pourtant, cette décision, prise sans analyse approfondie ni consultations d’experts, soulève de nombreuses interrogations quant à ses conséquences pour la Région bruxelloise.
Olivier Willocx explique : « L’accord UE-Mercosur présente des opportunités économiques significatives pour Bruxelles, une région dont l’économie repose largement sur l’exportation de biens et de services à haute valeur ajoutée. En 2023, la Belgique était le troisième exportateur européen vers les pays du Mercosur, avec un volume de 6,2 milliards d’euros et une balance commerciale excédentaire. Cet accord permettrait d’éliminer près de 4 milliards d’euros de droits de douane par an, soutenant des secteurs stratégiques comme la chimie, la pharmacie et les nouvelles technologies. Le rejet de cet accord représente une occasion manquée pour dynamiser l’économie bruxelloise. »
Clémentine Barzine, cheffe du groupe MR ajoute : « Le débat parlementaire a été marqué par des positions figées et une absence de concertation. Malgré l’importance des enjeux, aucune audition d’experts ni analyse actualisée des impacts pour Bruxelles n’a été réalisée. Cette méthode regrettable a empêché une discussion constructive sur les marges de renégociation possibles ou les conséquences d’un rejet pur et simple. En refusant d’explorer ces pistes, la majorité parlementaire a privilégié des postures idéologiques à une analyse pragmatique. »
La question de la déforestation, souvent citée comme argument principal contre l’accord, mérite une analyse plus nuancée. Sans accord, l’Union européenne ne pourra imposer ses standards qu’aux produits destinés à son marché, laissant les exportations vers des puissances comme la Chine se développer sans contrôle. En revanche, un accord inclurait des engagements juridiquement contraignants et offrirait une plateforme de dialogue pour renforcer la coopération en matière environnementale. Il est donc illusoire de croire qu’un rejet bénéficierait à la planète.
Il est également important de noter que face à un contexte géopolitique complexe, marqué par le protectionnisme croissant des États-Unis et l’expansion commerciale de la Chine, il est crucial pour l’Union européenne de consolider sa présence internationale. Pour Bruxelles, il s’agit d’une opportunité stratégique pour soutenir ses entreprises, diversifier ses approvisionnements et renforcer son influence. Le rejet précipité de l’accord UE-Mercosur pourrait à long terme affaiblir notre position, tant sur le plan économique qu’en matière de développement durable.
Nous reconnaissons que l’accord, dans sa version actuelle, soulève plusieurs inquiétudes légitimes. Oui, les questions de concurrence, de standards environnementaux et de garanties sociales doivent être mieux intégrées pour assurer un équilibre entre ouverture commerciale et protection de nos intérêts stratégiques.
L’inquiétude exprimée par le secteur agricole mérite d’ailleurs d’être entendue. Il est vrai que l’accord augmentera les importations de viande bovine et de volaille en provenance du Mercosur. Mais l’inverse est tout aussi vrai : il permettra aux industries européennes de l’aéronautique, de la chimie et des nouvelles technologies d’accéder à un marché jusqu’ici largement fermé.
Le groupe MR appelle à une réflexion plus approfondie et à une analyse objective des enjeux liés à l’accord UE-Mercosur. Bruxelles, capitale européenne, doit incarner une approche pragmatique et éclairée, loin des postures rigides et des décisions prises dans la précipitation. Il est encore temps de rouvrir le dialogue, de consulter des experts et de peser les conséquences réelles de cet accord pour notre économie, notre environnement et nos citoyens. C’est pourquoi le groupe MR a décidé de s’opposer à ce texte.